C’est sous l’angle de leur fragilité, de leur possible évanouissement que cette série Corail a été pensée. Il s’agit de traduire cette émotion, cette crainte d’une perte d’un écosystème auquel on tient. Comment traduire la limite, le basculement vers l’état de blanchissement, d’effacement?

Les mélanges d’encres et d’huiles suspendues à la surface de l’eau sont délicatement prélevés par contact sur des papiers artisanaux de fort grammage, c’est une impression qui saisit le milieu aqueux dans sa fluidité, qui le matérialise, qui rend visible le mouvement océanique, son flux, la matrice.

Les images de coraux sont réalisées en les réduisant à quelques valeurs, en procédant numériquement à une isohélie, puis ces couches sont reportées sur du papier épais où chaque trace est découpée manuellement afin de confectionner patiemment des pochoirs qui permettent le dévoilement de la forme une fois passés à la peinture. Une ligne fluorescente vient renforcer cette question de la limite, du seuil, du passage d’un état a un autre, la fluorescence évoque les dernières études relatant le déploiement de couleurs très vives, fluorescentes sur certaines espèces de coraux avant leur basculement vers le blanchissement, comme un chant du cygne tragique et magnifique.