Regards associés

2016, 2018

Filets obscurs – Un plaidoyer contre la surpêche

Pierre Gleizes
 

Pierre Gleizes

 

Pierre Gleizes

Neuf semaines de reportage sur la surpêche industrielle en Afrique de l’Ouest à bord de l’Esperanza de Greenpeace…
Missionné, en tant que photographe, par l’organisation internationale de défense de l’environnement Greenpeace, j’ai suivi en 2017 sa campagne Espoir en Afrique de l’Ouest. Un périple hauturier entre Cap-Vert, Sierra Leone, Mauritanie, Sénégal, Guinée-Bissau et Guinée Conakry.

Les pays précités ne disposant pas des moyens nécessaires, les espaces marins que nous avons sillonnés sont rarement surveillés. Pour ce faire, Greenpeace a mis à la disposition d’une dizaine d’inspecteurs des pêches mandatés par leurs gouvernements, un dispositif logistique pour leur permettre de contrôler les navires présents dans les ZEE qui s’étendent sur 320 km au large des côtes des états souverains. Un hélicoptère permettait de mieux localiser les navires dispersés sur d’immenses territoires et une fois les bateaux repérés, nous les abordions en canots pneumatiques après nous en être rapprochés avec l’Esperanza.

Dans ce contexte, j’ai participé, en tant que photographe-observateur, à tous les vols effectués, soit 21 patrouilles aériennes et j’ai accompagné les inspecteurs à bord de 37 chalutiers de toutes nationalités pour photographier les procédures de contrôles.
Onze bâtiments ont été arraisonnés en flagrant délit pour infractions graves et renvoyés au port, soit 30 % de contrevenants aux codes des pêches, un taux alarmant qui confirme les suspicions de pillage des ressources sur fond de corruption décomplexée.
Les industriels de la pêche disposent aujourd’hui des moyens suffisants pour vider les océans. Partout, les tricheurs sont à l’affût pour mieux servir leurs intérêts à court terme, quitte à voler les ressources halieutiques de populations qui figurent parmi les plus pauvres au monde et à anéantir leur mode de pêche artisanale.

Sur les ponts, nous avons entendu la clameur de l’interminable agonie de milliers d’animaux marins arrachés à leur biotope avec une violence mécanique inouïe… Et nous avons assisté à l’immense gaspillage des poissons « morts pour rien », ces prises dites « accessoires », non commercialisables sur les marchés visés qui sont rejetées à la mer.
Cette maltraitance animale et environnementale s’inscrit – comme si cela ne suffisait pas – dans un contexte d’exploitation humaine où les poissons ne sont pas les seuls menacés… Sur de nombreux bateaux, nous avons rencontré des équipages travaillant dans des conditions d’hygiène et de sécurité indignes de notre siècle.
Lors de cet intense reportage, j’ai eu le privilège de vivre des moments de proximité exceptionnelle avec un monde peu connu, car généralement inaccessible derrière l’horizon. J’ose espérer que mes photos en rendent compte…

Exposition produite par l’association Pour Que l’Esprit Vive.

  • Projection Visa pour l’Image à Perpignan, 2018
  • accrochage septembre – octobre 2019, galerie Fait et Cause, rue Quincampoix à Paris
  • accrochage octobre 2021, semaine de la Photo, les Pavillons sous Bois
  • Exposition disponible à la location

Dans les océans, nous sommes habitués à puiser sans limite poissons et fruits de mer que nous aimons manger. Parce que les fonds des océans nous sont invisibles, nous avons imaginé qu’ils étaient sans limite. Or, la pêche est une activité de prélèvement sur un stock: plus on pêche, moins il y a de poissons pour se reproduire et renouveler le stock initial. Parce que nous avons oublié cette évidence, nous pratiquons une pêche industrielle qui épuise les fonds marins. La pêche illégale se développe, comme si la mer devait être une zone de non-droit. Les prises accessoires, c’est-à-dire les organismes capturés pendant des opérations de pêche, qui ne les visaient pas, comme les éponges, les requins, dauphins ou tortues, peuvent représenter jusqu’à 80% des prises, probablement 20 millions de tonnes par an rejetées à la mer, soit l’équivalent d’un poisson pêché sur quatre. Les scientifiques peuvent bien tirer la sonnette d’alarme, les politiques laissent perdurer ce massacre. Les industriels ont carte blanche. Les intérêts à court terme déterminent les décisions politiques.

Cette exploitation sans limite de nos océans, et plus généralement de notre planète, a des effets directs et manifestes sur la biodiversité marine. De nombreuses espèces sont en voie d’extinction, les baleines, les dauphins, les requins, la morue ou le thon rouge. Mais la liste est plus longue. Ce sont 80% des espèces commerciales, qui sont surexploitées. Au rythme actuel, il n’y aura plus de poissons dans les océans d’ici 2050. Que ferons-nous ce jour-là ? Cette question se pose déjà pour le milliard de personnes sur terre qui dépendent totalement des produits de la mer pour leurs apports en protéines animales. La destruction de la biodiversité marine est aussi un enjeu de sécurité alimentaire pour l’homme.

Exposition créée par et pour l’édition 2016 du Festival de la Gacilly (385 000 visiteurs)

  • 2016 La Gacilly
  • 2016 Festival d’Angkor
  • 2016 Festival de Montier en Der
  • 2018 Biennale internationale de l’image de Nancy (Grand prix du Public)
  • 2019 Festival Phot’Aubrac
  • 2019 Salon Primevère à Lyon
  • 2021 Journées 88% à Roanne

Né à Paris en 1956, je suis devenu photographe après avoir abrégé mes études agricoles…

1978 : Assistant-photographe au service audiovisuel de la société Yves Saint Laurent/Charles of the Ritz.

1979 : Photographe pour le Ministère de la Culture sur les fouilles archéologiques de la cathédrale d’Orléans.

1980-1984 : Premier salarié de Greenpeace France en tant que photographe, je crée la photothèque de Greenpeace International et participe à de nombreuses campagnes sur tous les océans (chasse à la baleine, aux phoques, pollutions, essais nucléaires…).

1984-1990 : Journaliste-reporter-photographe chez Associated Press, 2200 sujets d’actualité couverts en 7 ans. Nombreux voyages, sac photo toujours au pied du lit, cadrage quasi instantané en toutes circonstances pour obtenir la « bonne plaque », course contre la montre pour tenir les « bouclages » de la presse mondiale… Une expérience poussée jusqu’à perdre haleine, formidable formation de terrain.

Depuis 1991, et jusqu’à ce jour, j’accompagne régulièrement Greenpeace en tant que photographe indépendant.

1991-1998 : Reporter-enquêteur chez E.I.A. (the Environmental Investigation Agency) pour qui je traque les trafiquants d’animaux sauvages en Afrique, en Sibérie et au Japon. Investigation, discrétion, prise de risques… E.I.A. utilise mes photos pour illustrer des rapports d’enquêtes distribués aux délégations siégeant dans les Conventions internationales concernées. Du lobby au plus haut niveau pour défendre les éléphants, les baleines, les oiseaux exotiques, les morses et les dauphins.

2011, sortie de mon livre “Rainbow Warrior mon Amour, trente ans de photos aux côtés de Greenpeace ” aux Éditions Glénat.

Depuis 2009, je vis en nomade sur le réseau fluvial français à bord du Nicéphore, une approche personnelle des hommes et de leur environnement, adaptée à mon goût de l’imprévu pour des prises de vues diversifiées. Mon expérience, acquise en conditions souvent hostiles et mouvementées, avec Associated Press, Greenpeace, et E.I.A, m’a permis de développer sang-froid, patience, et réactivité…

Mes images sont distribuées par l’agence Rea à Paris depuis 1998 : www.reaphoto.com

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